The Perch

"Pourquoi les mecs sont autant obsédés par leur teubs ?"

⋅ AVERTISSEMENT DE CONTENU ⋅

Cet entrée contient des mentions de violences et de transphobie.

Oh et également ce post est beaucoup moins long qu'il en as l'air, il est juste gonflé par de longues captures d'écran.


Pour vous donner un peu de contexte.jdg...

Non parce qu'en fait, à la base, c'était pas du tout censé être une entrée de blog, ce qui va suivre.

Tout c'est produit sur un groupe de chats que j'ai avec ma femme, Melody, et Loïs, une amie à nous. Melody annonce soudainement qu'elle a une question un peu random, un peu bizarre à nous poser. Bon, pourquoi pas, j'avoue que ma curiosité fuse. Et puis vient la question.

(Melody accentuée en vert, Loïs à son prénom visible, les bulles bleues sur la droite sont les miennes.)

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DESCRIPTION & TRANSCRIPTION DE L'IMAGE

Capture d'écran issue d'une conversation de groupe dans une application de messagerie mobile.

MELODY : J'ai une question...a laquelle vous aurez sûrement pas de réponses non plus mais quand même faut que je demande .. Faut que je comprennes

LOÏS : Vas-y !

MELODY : Pourquoi les mecs sont autant obsédés par leur teubs ? Genre les photos de bites sont tellement fréquentes a cote de celle de vulves. Pourquoi ? Pourquoi autant ? Pourquoi systématiquement presque chez les mecs cis ?

PLUME : Pourquoi vous êtes autiste ?

LOÏS : Ah oui, effectivement, j'ai pas de réponse à ça.

PLUME : [ANGLAIS] INTRODUCING: The Heteronormativity Update to Humanity! / [TRADUIT EN FRANÇAIS] NOUVEAU : L'humanité reçois la mise à jour hétéronormativité.

LOÏS : masculinité toxique, besoin d'exporter sa sexualité agressivement pour se sentir homme / Le phallus comme outil de domination, comme métaphore de la soumission féminine.

PLUME : C'est parce qu'on leurs répète toute leurs vie que c'est quelque chose d'important. On répète les schéma qu'on vois au tour de nous, la pression du groupe. / Et j'allais dire d'autre truc mais Loïs à réussi à le dire bien mieux (et de manière bien plus courte aussi) que moi.

MELODY : Fort probable. Mais je cherche a comprendre pourquoi ça arrive même a des mecs ... Pas dérangé spécifiquement ? Quoi que. C'est peut être le propre des mecs d'être dérangé sexuellement en faite.

PLUME : Ça c'est mon message.

MELODY : comprendre pourquoi ça arrive même a des mecs ... Pas dérangé spécifiquement ? Quoi que. C'est peut être le propre des mecs d'être dérangé sexuellement en faite.

LOÏS : En un sens, oui, dans une société malade du patriarcat, c'est pas possible d'être un homme cis parfaitement sain. On est forcément influencé par les circonstances autour, comme dit Plume.

MELODY : Effectivement.

Bon, moi, je vois ça, je réponds un peu en rigolant, je n'ai pas trop grand-chose à dire, je suis en train de bouffer mes frites tranquillement. Puis Melody met son dernier message, où elle se demande pourquoi ça arrive, même avec des mecs qui ne sont pas spécialement ultra-mascu ? Et j'avoue que je me mets à y réfléchir, et là, comme un être humain absolument normal, j'ai plein de trucs qui me viennent en tête, j'ai plein de trucs à dire, j'ai plein de réflexions qui se font et... je me mets à écrire.

Je me mets à écrire, sauf que bon bah, tu vois sur un téléphone, ça prend 1000 ans d'écrire, du coup, pour les deux, on dirait juste que je suis en train de taper furieusement dans le group chat, et le temps passe sans que je ne me rende compte. Parce que moi, j'écris, j'écris, j'écris, j'ai mes frites qui sont devenues froides qui commence à s'enflammer tellement que je suis à fond dans ce que j'écris, c'est la folie.

Sauf que le truc, c'est qu'au début, je voulais faire une réponse un peu simple et en fait je me suis juste prise de passion pour le sujet et donc... Baaah... J'ai mis 30 minutes à faire un message.

context 2

DESCRIPTION & TRANSCRIPTION DE L'IMAGE

Suite de la d'écran issue de la même conversation de groupe dans une application de messagerie mobile.

MELODY : Effectivement.

LOÏS : Bon ben je crois que j'ai lancé Plume en fait :p

MELODY : MDR

LOÏS : vite il faut changer de sujet !

PLUME : [ANGLAIS] Please don't ;—; / [TRADUIT EN FRANÇAIS] Pitié non ;—;

LOÏS : tkt :P

PLUME : [ANGLAIS] coming up on 20 minutes, I genuinely love that about you ❤️ / [TRADUIT EN FRANÇAIS] ça va bientôt faire 20 minutes, j'adore sincèrement ça chez toi ❤️

Je le poste et j'avoue que j'ai très peur d'avoir dit de la merde. Je suis face à deux personnes que j'aime très fort, que je respecte énormément. Et là, je vois les deux personnes qui se mettent à écrire en même temps ça me met un peu en panique.

Et...

context 3

DESCRIPTION & TRANSCRIPTION DE L'IMAGE

Dernière parti de la d'écran issue de la même conversation de groupe dans une application de messagerie mobile.

PLUME [accompagnée d'une capture d'écran de l'indicateur "bulle" montrant que Melody et Loïs sont entrain d'écrire dans la messagerie] : PANIK.JPG

LOÏS : Mais quel talent c'est pas croyable

MELODY : God damne. C'est complet, inspiré et y'a rien a en redire. Ça traite autant des hommes cis que des femmes trans. Des conditions d'éducation et de la société capitaliste. Plume publies le sur Plume dans le vent stp.

PLUME : 🥹🩷🩵

LOÏS : [ANGLAIS] what a cutie / [TRADUIT EN FRANÇAIS] elle [Plume] est trop mignonne

PLUME : Je suis très touché, j'avais très peur d'avoir dis de la merde.

MELODY : Non au contraire tu résumes tout. Toutes nos pensées et de manière très bonnes, même pas agressives mais plutôt objectives.

PLUME : Vous voulez me faire pleurer ? D'accord. Attendez juste que je soit chez moi please

Je partage tout ceci parce que, déjà, quand quelqu'un me dis que mon message est tellement bien que je devrais le publier en public, j'ai envie de dire : qui suis-je pour refuser ce que le peuple me demande ? 😎

Mais surtout, c'est parce que sans ces personnes, je ne publierai pas ça, tout simplement. Et ce n'est pas simplement parce que j'ai des proches qui m'ont le dis de le poster. Non, c'est parce que j'ai des proches qui m'encouragent à écrire ces choses-là en premier lieu, qui m'encouragent à être moi-même et qui me témoigne chaque jour ô combien iels m'aiment pour ce que je suis, et non pas malgré ce que je suis.

J'ai énormément de chance. Trouvez vous des gens comme Melody et Loïs.

Merci Melody, merci Loïs. 🩵🩷

Mais assez de contextes et assez d'amour. Voici ce fameux message...


La réponse en question.

Les normes sont des normes pour une raison. On répète dès le plus jeune âge aux garçons à se définir par ça par leurs masculinités, et le symbole masculin par excellence, c'est la teub.

Tu veux comprendre ce qui fait tiquer les hommes ? Regarde comment ils traitent et parlent des femmes trans.

C'est aussi pour ça qu'ils détestent autant les meufs trans. Ils les perçoivent comme des hommes qui ont non seulement accepté leurs féminités, mais rejeté toutes leurs masculinités, c'est presque une trahison, elles sont vues comme une perversion de la société, parce que la société est dominée par le masculin et que remettre en question la domination masculine, c'est remettre en question la société. Vu qu'il y a beaucoup d'ego là-dedans, juste le fait de remettre en question sa propre masculinité, c'est déjà perçu comme une attaque personnelle. C'est déjà perçu comme remettre en question la société elle-même. La masculinité peut beaucoup être définie par un problème d'égotisme.

D'où le fameux délire de "des hommes qui veulent se couper la teub" quand on parle de nous. C'est assez systématique comme imaginaire. Parce que la société est hantée par ce biais pro masculin, il y a un reflex systématique d'émasculation des gens qui ne veulent pas faire partie de ça, y compris vouloir émasculer les femmes trans par reflex. Beaucoup d'hommes deviennent violents avec les femmes trans parce que ça les ramène à leur propre féminité, mais aussi parce qu'ils ne peuvent pas les émasculer. Le reflex primaire de haine envers autre chose que la masculinité ne marche pas forcément chez des gens qui ont tout fais pour s'en échapper. Regarde les insultes méga efféminés faite à notre égard, y a tellement de validation de fond dans la transphobie, qui est aussi pourquoi on l'internalise autant d'ailleurs. Alors, la violence, qui est le fondement et donc le fallback par défaut de la masculinité devient la seule option.

La masculinité s'affirme dans toute la société par la violence. Les hommes sont violents entre eux, et même les femmes ont ce truc internalisé de chercher un masculin précis et de réprimer un comportement non-masculin chez leurs partenaires masculin.

C'est profondément violent et ça commence dès le début. Les garçons ne sont pas spécifiquement plus agressifs que les filles par défaut. C'est quelque chose qu'on leur apprend. On leur apprend à être violents par défaut. On leurs apprend à être systématiquement en compétition entre eux et avec le reste du monde. C'est un cycle de violence infini qui les détruit, qui cause des suicides, qui cause des guerres, qui ravage leurs vies et toute la société s'en vois traîner avec eux, car on parle de maître du monde et pas de maîtresse du monde.

Être misérable, c'est la condition par défaut de la masculinité. Ils ne perçoivent la vie que comme une compétition, une série de combats, tout n'est que le cycle. Tout n'est que violence et domination.

Tout ça, ça colle parfaitement avec un modèle de société ultra-capitaliste qui est très basé sur le fait d'avoir des dominants et des dominés, d'avoir des gens dessus et des gens qui crève la dalle, où une compétition constante, ça colle. La société, elle est faite par et pour eux, sauf qu'en même temps, ces normes-là sont profondément inhumaines et donc la société est finalement faite pour personne. Le cycle se répète encore et encore.

Quand les hommes se sentent mal, quand ils se sont tristes, quand ils ne savent pas ce qu'ils leur arrivent, quand ils se sentent aliénés, tout ce qu'ils ont autour d'eux, c'est d'autres hommes qui leur disent de "suck it up" [le ravaler]. C'est le truc habituel. Tu souffres des conditions misérables que ta masculinité te fais vivre ? Fais la seule chose qu'on t'a appris à faire : Double down [redoubler et insisté sur la même chose]. Réfugie-toi dans le masculin. Toujours. Encore et encore.

Toutes leurs vies sont définies et dominées par ce prisme masculin, alors que l'organe typique en devienne le symbole par essentialisme, ce n'est que logique. Être masculin, c'est être réussi, si t'as une petite bite, quelques parts ta déjà raté ta vie avant même qu'elle commence. C'est tellement horrible de dire ça à quelqu'un.

Pour cité un poème que j'adore, "Human life is a trauma factory". On vit dans une usine à traumatisme, le seul remède à tes traumatismes, c'est plus de traumatisme. On résout la violence par la violence...

Et on créer des monstres...


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